Bâti à l'entrée ouest du bourg dans le quartier des Palets, en contrebas de la maison forte des Nicolaux, cet édifice du début du XVIIème est fort intéressant, bien que transformé au XiXème siècle.
En savoir plusLa gravure de Victor Cassien, qui en donne une image vue du sud, doit être prise avec de sérieuses réserves quant à ses détails mais elle montre que l'aspect général du bâtiment a peu changé. L'édifice a appartenu à une famille de parlementaires, dont le plus connu, Jean-Pierre Moret de Bourchenu, nommé Premier Président de la Chambre des Comptes en 1690 deviendra célèbre sous le nom de "Valbonnais" pour son Histoire du Dauphiné et des princes qui ont porté le nom de Dauphin, publiée à Genève en 1722. Bien qu'il en diffère sous de nombreux aspects, le château s'apparente aux grandes demeures à quatre pavillons d'angle caractéristiques du début du XVIIème siècle comme par exemple les châteaux de Varces, d'Eybens ou de Saint-Nazaire-les-Eymes. Le corps central et ses deux pavillons ouvrent tout trois, du côté sud, sur un ensemble de jardins en terrasses, dominant la vallée de la Bonne. Ils sont couverts de hautes toitures sur lesquelles se détachent de remarquables souches de cheminées. Les façades du pavillon sud-est présentent la particularité rare de porter quatre cadrans solaires. Bien que refaits, probablement au XIXème siècle, les enduits couvrants des façades, finement frottés et badigeonnés en rose y compris sur les grosses pierres en tuf des chaînes d'angle, contribuent au cachet de l'édifice. Les encadrements peints en ocre jaune, rehaussés de filets gris sombre, donnent un effet de profondeur aux ouvertures. Les menuiseries à volets intérieurs, encore en place, sont caractéristiques du XVIIème siècle et dignes du plus haut intérêt. En revanche, la mise en place de volets extérieurs est consécutive aux transformations du XIXème siècle. On accédait au bâtiment, depuis la route de La Mure à Entraigues, par une cour dont le portail a été refait au XIXème siècle. Du côté nord, un grand mur donne l'illusion de l'existence d'un pavillon symétrique de celui qui délimite la cour du côté sud. Deux escaliers droits symétriques (dont un seul subsiste) donnaient accès à la large galerie communiquant avec l'étage noble. Au nord du bâtiment, un autre portail en plein cintre, a perdu ses vantaux d'origine, mais sa face interne présente la particularité d'être presque aussi travaillée que sa face externe, ce qui est rarement le cas. Un troisième portail, de facture plus modeste, donnait accès aux dépendances. Faute de documents anciens et d'une étude approfondie, le système originel des distributions intérieures reste une énigme. L'escalier actuel, à volées droites et marches en pierres, pourrait dater du XVIIème mais ses accès et ses paliers intriguent : il pourrait s'agir d'un ancien escalier secondaire ou d'un escalier déplacé. En revanche, de nombreuses dispositions de l'aménagement originel se laissent deviner malgré les transformations du XIXème siècle. Au rez-de-jardin du corps de bâtiment sud-est, l'existence d'une solide porte en fer, de grilles de protection aux fenêtres et de boiseries particulières, indiquent l'emplacement de l'ancienne salle d'archives, dont le volume a été recoupé au XIXème et pourvu d'une cheminée (inexistante à l'origine pour éviter tout risque d'incendie). Les barreaux verticaux des grilles ouvragées s'épanouissent, en partie haute, pour former des fleurs de lys, motif que l'on retrouve sur plusieurs autres bâtiments du bourg. Une partie des lambris qui couvrent les murs de cette salle, à panneaux en bois de noyer agrémentés de tables cintrées dans le haut et le bas et droites sur les côtés, est d'origine comme l'atteste par ailleurs, la date de 1663 portée sur l'un d'eux. Selon toute vraisemblance, la chapelle du château se trouvait au-dessus, à l'étage noble. Du côté nord, sur la courette, elle était éclairée par (au moins) deux baies plein cintre, aujourd'hui murées et transformées en placard, mais dont on distingue la trace sous l'enduit. Il en était probablement de même côté sud. La boiserie d'une des cheminées du château pourrait éventuellement provenir d'un ancien retable.
De nombreuses pièces du rez-de-jardin et de l'étage noble sont couvertes de plafonds à la française. On notera également la présence de sols réalisés à partir de plâtre du Valbonnais. La cuisine, couverte par des voûtes d'arêtes, conserve un grand potager à trois trous, dont deux carrés et un rectangulaire probablement destiné à la cuisson des poissons. Bien que de dimensions encore impressionnantes, l'actuelle salle à manger n'est absolument pas comparable au volume initial, encore plus grand, peut-être réalisé pour Jean-Pierre Moret de Bourchenu. Cependant, lors de sa réduction, on a préservé le décor originel de gypserie, que l'on a copié sur la nouvelle cloison. Celui-ci se compose de pilastres doriques supportant un entablement composite avec triglyphes, métopes et denticules au-dessus qu'accompagnent de longues chutes de fruits retenues, à leur sommet, par un anneau logé dans la gueule d'une tête de lion. Des scènes champêtres peinte sur toile, et dont certaines semblent avoir été reprises, complètent une composition d'esprit ici très classique. Les vastes dépendances sont constituées d'un ensemble de corps de bâtiments de plan en L, dont seule l'aile est figure sur le cadastre de 1839, ces spacieuses étables voûtées ayant été surélevées. L'aile en retour, aux façades enduites avec un marquage soigné des ouvertures, date du XIXème. Une autre dépendance, implantée en contrebas de la terrasse du château, parallèlement aux courbes de niveau, abrite une belle écurie.
Ce château est privé, c'est devenu un haras. Il arrive que pour les journées du patrimoine ce château se visite ou qu'une animation au sein du haras permette au public de pénétrer dans la cour du château.